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Simon, j’ai quelque chose à te dire ! (2)
Article mis en ligne le 5 mai 2019
dernière modification le 21 mai 2019

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Simon, j’ai quelque chose à te dire (2)

Un Pharisien l’invita à manger avec lui ; il entra dans la maison du Pharisien et se mit à table. Survint une femme de la ville qui était pécheresse ; elle avait appris qu’il était à table dans la maison du Pharisien. Apportant un flacon de parfum en albâtre et se plaçant par derrière, tout en pleurs, aux pieds de Jésus, elle se mit à baigner ses pieds de larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux du parfum.
Voyant cela, le Pharisien qui l’avait invité se dit en lui-même : "Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse." Jésus prit la parole et lui dit : "Simon, j’ai quelque chose à te dire." - " Parle, Maître ", dit-il. -’ Un créancier avait deux débiteurs ; l’un lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce de leur dette à tous les deux.
Lequel des deux l’aimera le plus ?" Simon répondit : "Je pense que c’est celui auquel il a fait grâce de la plus grande dette. " Jésus lui dit : "Tu as bien jugé." Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : "Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds, mais elle, elle a baigné mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m ’as pas donné de baiser, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle n’a pas cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile odorante sur ma tête, mais elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. " Il dit à la femme : " Tes péchés ont été pardonnés. " Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : "Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ? " Jésus dit à la femme : "Ta foi t’a sauvée. Va en paix. " (Lc 7, 36-50).

La semaine dernière, à partir de ce passage d’évangile, nous avons essayé de démontrer que dans le christianisme le pardon de Dieu est toujours gratuit et en tant que tel, il est la cause et non pas la conséquence de l’amour. Cela signifie que pour « montrer beaucoup d’amour » il faut reconnaître ses péchés et faire l’expérience du pardon. Ceux qui disent ne pas avoir de péchés ne sauront jamais ce que veut dire aimer Dieu.
Aujourd’hui, je vous propose de nous arrêter sur un autre détail de ce texte concernant la réaction des convives qui, comme nous le précise Saint Luc : « se mirent à dire en eux-mêmes : " Qui est cet homme qui va jusqu’à pardonner les péchés ?" ». Ce détail va nous aider à lire la Bible, pas trop vite et avec plus d’attention.

1. Quand l’homme fait dire à Dieu ce qu’Il n’a jamais dit…
Remarquons d’emblée que la question que se posent les convives : « Qui est cet homme qui va jusqu&’à pardonner les péchés ? » suppose que Jésus a personnellement pardonné les péchés de la femme. Or, en réalité, Jésus n’a pas dit : « Je te pardonne tes péchés » mais : « ses péchés ont été pardonnés », ce qui n’est pas la même chose. Nous pouvons seulement supposer que Jésus a volontairement utilisé la forme impersonnelle (ont été pardonnés), pour ne pas dévoiler clairement à ce moment-là sa véritable identité et en même temps orienter l’attention des témoins présents, vers Dieu. Cette « imprécision » dans la façon de réagir aux paroles de Jésus, s’ajoute à la liste (déjà bien longue) des preuves que les autorités hostiles à Jésus collectionnaient depuis longtemps dans le but de l’accuser et de le condamner pour
imposture. Il aurait été, en effet, facile de formuler comme reproche qu’Il se prenait pour Dieu avec la preuve qu’Il « pardonne les péchés ».

Un autre exemple du même procédé a été appliqué à la lettre, lors du procès de
Jésus devant le Sanhédrin : « Les grands prêtres et tout le Sanhédrin cherchaient contre Jésus un témoignage pour le faire condamner à mort et ils n’en trouvaient pas. Car beaucoup portaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne concordaient pas. Quelques-uns se levaient pour donner un faux témoignage contre lui en disant : " Nous l’avons entendu dire : "Moi, je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme et, en trois jours, j’en bâtirai un autre, qui ne sera pas fait de main d’homme. " Mais, même de cette façon, ils n’étaient pas d’accord dans leur témoignage. Le Grand Prêtre, se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus : " Tu ne réponds rien aux témoignages que ceux-ci portent contre toi ? " Mais lui gardait le silence ; il ne répondit rien. » (Mc 14, 55-61).
En réalité Jésus n’a jamais dit qu’il va détruire le sanctuaire mais Il a dit : « Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai ». (Jn 2, 19) et Saint Jean dira : « Mais lui parlait du temple de son corps » (Jn 14, 21).

2. Ce Dieu qui garde le silence…
Ce manque de rigueur et de précision dans l’écoute de ce que dit Jésus va nous servir d’occasion pour analyser nos propres difficultés dans la lecture et la réception exacte de la parole de Dieu. Qui n’a pas entendu dire des propos du genre : « Si Dieu existait, Il n’aurait pas permis cela… » ? A partir de là, suit une longue liste de catastrophes naturelles ou d’accidents (tremblement de terre, inondations, et autres calamités) dont l’existence est, pour beaucoup de nos contemporains, la preuve de la non-existence de Dieu. Or, dans la Bible, Dieu n’a jamais dit qu’Il nous préserverait de tout ça. Et combien de fois même, la mort naturelle d’un proche sonne pour beaucoup la fin de leur foi, comme si Dieu nous promettait dans la Bible de nous épargner ce passage douloureux (mais pourtant obligé) pour passer de cette vie à l’autre vie, celle qui ne finira jamais dans son Royaume éternel.
Et quand nous nous fâchons contre Lui, en lui faisant dire des choses qu’Il n’a jamais dites, Dieu réagit toujours comme lors du procès que nous Lui avons fait il y a deux mille ans devant le Sanhédrin à Jérusalem : « Il garde le silence ; il ne répond rien… ».


Question pour aller plus loin :

  • Pourquoi Dieu ne répond-t-Il rien quand Il est accusé faussement par l’homme et quand on Lui fait dire des choses qu’Il n’a jamais dites ?

Suggestion pour la semaine :

  • « Simon, j’ai quelque chose à te dire… ». Pendant ma lecture personnelle (peut-être quotidienne ?) de la Bible, je vais essayer d’être plus attentif et plus à l’écoute de ce que Dieu me dit.

Père Bogdan BRZYS