Missionnaires de la charité
Partie II
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Chers amis,
Nous poursuivons notre série d’enseignements sur le thème : « Missionnaires de la charité ». La dernière fois, nous avons vu que la charité, degré suprême de l’amour est le trésor du chrétien, trésor que le chrétien est appelé à partager. Ainsi, il rend visible l’amour même de Dieu et devient un missionnaire de la charité. Missionnaire par la charité. Mais nous avons laissé une question en suspend : comment faire concrètement pour être des missionnaires de la charité, pour partager ce trésor ?
Je vois deux grands axes pour répondre à cette question. On peut d’abord faire preuve de charité à l’égard de ceux à qui l’on veut annoncer le Christ, et l’on pense ici aux exemples des grands saints de la charité, comme saint Martin, saint Vincent de Paul, sainte Thérèse de Calcutta, etc. Aujourd’hui, pour entretenir le suspense, je ne parlerai pas de cet aspect de l’évangélisation par la charité ad extra, de la charité envers ceux qui sont à l’extérieur de l’Église. Ce sera l’objet de notre troisième enseignement. Je parlerai de la charité ad intra, entre nous, qui est l’autre grand aspect de l’évangélisation par la charité. Eh oui ! Surprenant mais vrai ! En nous aimant les uns les autres, nous sommes authentiquement missionnaires !
Le Seigneur nous dit en effet : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. » (Jn 13, 35). La charité rend visible l’amour de Dieu. Donc vivre la charité entre nous, c’est rendre tangible la présence de Dieu au milieu de nous. La charité fraternelle est, pour ainsi dire, missionnaire par rayonnement : elle est un témoignage de la présence du Christ au milieu de nous et de son action dans nos cœurs au milieu de nous. Et elle porte bien plus de fruit que nombre de discours. Quoi de plus édifiant que de rencontrer un groupe de chrétiens et de sentir entre eux un amour qui ne s’explique pas humainement. En effet, nous les chrétiens, nous ne sommes pas d’abord des potes, ni mêmes des amis. Nous pouvons l’être, bien sûr, mais des amis, par définition, on les choisit. L’amitié se fonde sur un choix libre. Nous, nous sommes des frères et des sœurs, et des frères et sœurs, on ne les choisit pas, on les reçoit. Nous sommes appelés à nous aimer sans nous être choisis, et c’est cela qui est difficile ! Mais c’est aussi cela qui est beau… « Si vous aimez ceux qui vous aiment, nous dit Jésus, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46). Et quel témoignage que de voir des frères et sœurs chrétiens unis par la charité fraternelle alors qu’ils n’ont a priori rien pour s’entendre, qu’ils peuvent être de milieux divers, d’opinions diverses ou, tout simplement, ne pas avoir « d’atomes crochus » ! Devant ce témoignage, en effet, on est poussé à se dire : « Voyez comme ils s’aiment ! Sans le Seigneur, c’est inexplicable. Sans lui ça ne pourra pas tenir. »
La charité, l’unité est donc un signe de la présence de Dieu au milieu de nous. À l’inverse, la division ne vient pas de Dieu. Jamais. Elle vient du Diviseur, et « diviseur » en grec, cela se dit « diabolos ». La division est le propre du diable. Quand, loin de travailler à la communion par la charité fraternelle, nous semons la division, nous faisons l’œuvre de diable, et nous produisons un contre-témoignage. Nos divisions internes sont un scandale ! Frères et sœurs, il nous faut choisir résolument de ne jamais être des artisans de division, mais plutôt des artisans d’unité. Sans cela, aucun témoignage missionnaire n’est possible !
Alors posons-nous cette question ? Suis-je un artisan d’unité ? Le service de l’unité se réalise à tous les niveaux : au niveau de l’Église universelle autour du pape et des évêques, au niveau paroissial, au niveau familiale, dans ma cellule, etc. À ces différents niveaux, comment est-ce que je sers ou dessert la communion ? Suis-je un fils ou une fille fidèle à sa mère l’Église ou est-ce que je sème la division en critiquant son enseignement, le pape, ce que je ne comprends pas dans la foi catholique reçue des apôtres ? Est-ce que j’entretiens les divisions et les querelles de chapelles ou est-ce que je cherche l’unité ? Dans ma paroisse, est-ce que je cherche toujours plus à connaître et aimer les frères qui me sont donnés ? Et dans ma cellule, est-ce que je me contente des relations sympathiques avec ceux que j’apprécie naturellement, ou est-ce que je cherche à aller vers ceux avec lesquels j’ai moins d’affinités naturelles ?
« Mais comment faire ? » me direz-vous. C’est difficile d’aimer celui qui a une sale tête ou qui me coupe toujours la parole ou qui parle toujours de lui ou qui dit du mal de moi dans mon dos ou qui ne dit jamais rien d’intéressant, etc. Rappelons-nous qu’aimer, c’est un choix volontaire. J’aime parce que je veux aimer. Je n’aime pas parce que « ça marche entre nous », « je le sens bien » ou parce qu’on a des affinités, même si ça aide bien sûr. J’aime parce que je veux aimer. Et je rajoute immédiatement : j’aime de charité parce que je veux aimer, avec la grâce de Dieu. Tu as du mal à aimer ce frère, cette sœur ? Confie-le au Seigneur et demande à Jésus la force l’aimer. « L’amour supporte tout » (1 Co 13, 7) nous dit saint Paul dans l’hymne à la charité. Mère Teresa aimait à rappeler que l’amour fait mal. L’amour est crucifiant. Nous sommes trop marqués par la société du confort, la société du canapé, pour reprendre les mots que le pape François nous a adressés aux dernières JMJ. Nous voudrions pouvoir concilier la charité fraternelle et le confort du canapé. Mais l’amour véritable, la charité, ne se vit pas dans un canapé mais sur la croix, comme le Christ nous l’a montré. Pour être missionnaire de la charité par le témoignage de la communion fraternelle, que choisis-tu toi qui m’écoute : le canapé ou la croix ?
Je vous souhaite un bon temps de partage fraternel. Je vous garde dans ma prière et je me confie à la vôtre.