Il y a un lien évident entre la prière et le zèle pour l’annonce de l’évangile. Dans l’évangile de ce dimanche, sorti de la synagogue où certainement il priait avec ses disciples, Jésus se rend chez la belle-mère de Pierre et la guérit.
Le lendemain matin, Jésus se lève bien avant l’aube pour prier. Puis il part annoncer l’évangile et expulser les démons.
La contemplation nourrit l’action. Les pensées hautes amènent aux actions vastes. Et la pensée la plus haute, c’est la pensée que nous sommes fils du Père, fils par adoption pour nous autres baptisés, fils par nature pour Jésus. C’est cette filiation qui éclate dans cette parole qu’il reçoit au début de son ministère public : « Tu es mon Fils bien-aimé, en Toi Je trouve ma joie ». Cette certitude à laquelle va puiser le Christ dans la prière va irriguer tout son ministère. C’est un levier pour l’action. C’est l’âme de son ministère.
Ce feu de la filiation qui brûle en Jésus lui attire les foules, en même temps qu’elle met Jésus dans l’impossibilité de séduire, c’est-à-dire de conduire à lui (se ducere, conduire à soi). Dans l’évangile, après avoir attiré les foules à lui, il s’en sépare, il les quitte : « Tout le monde te cherche... Partons ailleurs... ». Le Christ a la même attitude avec sa mère, ou avec Marie-Madeleine, au matin de la Résurrection : « Ne me retiens pas ». Jésus amène au Père. Il l’annonce. Il en est le Verbe. Et puis Il s’efface.
Certainement Jésus veut-il aussi creuser en nous le désir de le chercher : « Tout le monde te cherche ». Et dans cette attente purifier nos images de Dieu pour que l’on ne se trompe pas quand on le prie. « Il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui Il était ». Ces dérobades et ces silences du Christ dans la prière sont pédagogiques : on ne met pas la main sur le Christ, lequel n’a de cesse que d’amener au Père…
Don Philippe de Nortbécourt
Prêtre référent du secteur Notre-Dame des Plaines de la Brie