Deux montagnes se dressent devant nous où se joue la place de Dieu comme Père : celle où Abraham offre à Dieu son fils en sacrifice, et celle où Dieu nous révèle son Fils irradié de sa gloire.
Abraham, qui ouvre la lignée des patriarches, est mis par Dieu à l’épreuve. Le Seigneur lui demande de lui « offrir en sacrifice son fils, celui qu’il aime ». En lui demandant de « sacrifier » ce fils, Dieu demande à Abraham de le « rendre sacré », c’est-à-dire de le lui consacrer. Abraham comprend que le Seigneur lui demande de l’offrir en holocauste, ce qui implique la mort de la victime. Cette interprétation de l’appel de Dieu trahit une paternité « absolue », jusqu’à prendre la place de Dieu, seul maître de la vie ! Mais l’« épreuve » du patriarche ne consiste-elle pas à renoncer au droit auquel il prétend ? Il lui faut maintenant découvrir que pour pouvoir transmettre la bénédiction divine, il lui faut immoler non pas l’enfant de la promesse mais sa paternité exclusive !
L’épreuve est plus radicale encore pour Jésus : elle consiste à renoncer à disposer de sa propre vie. Pour rendre chaque homme enfant du Père, Jésus va descendre dans notre mort pour y déposer le germe de la vie divine qu’il tient de son Père.
Sur la montagne, Jésus annonce ainsi sa Passion prochaine, signifiant qu’il va s’offrir au Père pour le salut du monde. La voix dans la nuée confirme qu’il est le Fils bien-aimé et que c’est lui qui va accomplir la promesse annoncée par la Loi et les prophètes. Il est celui qui donne la vie, et c’est lui qu’il nous faut maintenant écouter pour le suivre.
Pour devenir de vrais enfants de Dieu, il nous faut reconnaître cette Paternité de Dieu, nous laisser guider par la Parole de Jésus son Fils, et accepter de mourir à la vie selon la chair.
Que ce temps du carême nous y aide par notre écoute attentive de la Parole de Dieu et nos mortifications qui sont autant de morts à nous-mêmes pour naître à la vie divine.
Père Régis, Curé Modérateur du Pôle