QUEL MESSIE ?
Un grand contraste traverse les lectures de ce 30ème dimanche : le retour joyeux des déportés d’Israël avec le psaume du retour, qui présage de l’allégresse de l’aveugle guéri de l’Evangile ; et la faiblesse du grand-prêtre, pourtant revêtu de gloire, qui semble nous indiquer celle de Jésus… mais la voyons-nous ? C’est, me semble-t-il, l’enjeu de ce dimanche.
Car il s’agit bien de voir Jésus, et de bien le voir. Avec ses disciples, il monte à Jérusalem, il leur a annoncé sa passion, et cela ne les « branche » pas trop. Ils ne veulent pas voir ça. Ils ne veulent pas de l’épreuve. A ce moment, ils ne veulent pas se faire remarquer. Bartimée,
lui, est dans l’épreuve, complètement. Il ne s’embarrasse pas de prudence et de discrétion : en appelant Jésus, il le désigne Messie. Il a l’audace de celui qui n’a rien à perdre, ou plutôt si : son manteau, sa seule richesse de mendiant, son ultime protection contre le froid nocturne… Face à cette audace, Jésus se manifeste ouvertement (alors que le premier aveugle guéri en saint Marc avait reçu une grave consigne de silence ! ). Quelles leçons tirer de tout cela ?
Il faut arrêter de jouer à cache-cache avec l’épreuve. La victoire de Dieu se manifestera au sein même de celle-ci. Si nous la fuyons, nous ne connaîtrons jamais vraiment Jésus, qui est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude, et qui est glorifié par le Père. Il faut nous reconnaître dans la faiblesse afin de nous en remettre à celui qui ouvre les yeux des aveugles, qui les conduit sur des chemins que jusqu’alors ils ignoraient. Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort !
P. Frédéric, curé in solidum