« Il lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. » Jésus guérit simultanément les oreilles qui n’entendent pas et la bouche qui ne parle pas. Nous savons bien que surdité et mutisme sont des handicaps liés, car pour apprendre à parler, il faut commencer par écouter. C’est évident, mais, bien souvent, ne l’oublions-nous pas, spécialement en ce qui concerne notre vie chrétienne ?
Souvent en effet, nous constatons que nous sommes des chrétiens muets. Muets quand notre foi est attaquée, muets quand il nous faut témoigner de l’espérance qui est en nous, muets pour manifester notre compassion à celui qui est dans l’épreuve.
Avons-nous alors le réflexe, plein de bon sens – du bon sens de l’Evangile – de nous dire que si nous sommes muets, c’est peut-être d’abord parce que nous sommes sourds ! Si ma langue est paralysée pour annoncer le nom de Jésus ou témoigner de son amour, c’est sans doute que mes oreilles ne sont pas suffisamment ouvertes à l’écoute de sa Parole et des motions de l’Esprit Saint…
Mais si, en revanche, nos oreilles et nos cœurs sont ouverts à l’Evangile et à la douce voix de l’Esprit Saint, alors, notre langue ne peut demeurer muette ! Comme saint Paul, nous nous sentons pressés de témoigner du Ressuscité : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16). Comme Marie laissant jaillir de son cœur le Magnificat, nous ne pouvons retenir notre chant de louange pour le Seigneur. Si la langue reste muette pour adorer Dieu et annoncer l’Evangile, il y a fort à craindre que l’écoute de la Parole ne soit trop superficielle et l’ouverture du cœur quelque peu illusoire.
Effata, « ouvre-toi ! » Puisse cette parole résonner en nos cœurs et y porter son fruit. Demandons à l’Esprit Saint de guérir en nous le sourd ET le muet.
Don Emmanuel, prêtre coopérateur