Nous ne pouvons évidemment pas imaginer que saint Matthieu veuille ici nous donner quelque enseignement particulier sur la famille. Si c’était le cas, nous n’aurions, il est vrai, pas de peine à montrer qu’à travers cet épisode de la fuite en Égypte, le Fils de Dieu rejoint la condition de tant de familles exclues, réfugiées, sans papiers, poursuivies …
Par deux fois, dans ce récit de l’exil de la Sainte Famille, Matthieu répète : « Ainsi s‘accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes ».
Matthieu est familier de cette tournure où, citation biblique à l’appui, il interprète en termes d’accomplissement les évènements majeurs de la vie de Jésus : sa naissance, cette fuite en Égypte, son ministère en Galilée, les guérisons qu’il opère, ses discours en paraboles, puis son entrée messianique à Jérusalem et son procès. L’événement acquiert ainsi une grande portée : il n’est pas un simple moment de la vie de Jésus. Jésus revit toute l’histoire du peuple de Dieu : il est le nouvel Israël. Et, de même que Dieu a libéré son peuple de l’esclavage Jésus sort d’Égypte : il est le nouveau Moïse. Au gré des célébrations qui, ces jours-ci, nous rassemblent, n’y a-t-il pas une sorte de pédagogie de la liturgie ?
Progressivement depuis le temps de l’Avent, les pages d’Évangile que nous entendons nous révèlent toujours mieux qui est l‘Enfant de la crèche. Il y a eu le temps de l’annonce. Nous en sommes à présent au temps de l’accomplissement. Et puis viendra bientôt, dimanche prochain avec l’Épiphanie, le temps de la manifestation au monde. C’est le même mystère qui se révèle : sachons l’accueillir pour en être témoins.