« Y’a pas de souci’ »
Nous l’entendons souvent cette interjection-réponse-à-tout pour prendre congé de son interlocuteur après avoir discuté avec lui de tel ou tel aspect de la vie quotidienne ; et c’est bien sympathique. Cela veut signifier de la part de celui qui l’emploie, à l’endroit de celui à qui il s’adresse, qu’il n’a pas de souci à se faire ; les choses vont bien se passer, il peut aller l’esprit tranquille, ce qui a été convenu aura bien lieu sans problème, ni gêne : « y’a pas de souci ».
Sauf que là, les insouciantes ont du souci à se faire justement.
Ou plutôt, elles auraient dû se soucier un peu plus tôt de leur réserve d’huile pour leur lampe. C’est tout de même sot de prendre une lampe sans huile, c’est un peu comme sortir à la nuit tombante avec une lampe-torche, sans emporter de pile. Insouciance peut-être, négligence sans doute !
Là où nous n’avons pas de souci à nous faire, c’est qu’en effet l’époux viendra, à coup sûr : le Sauveur vient, c’est certain. Mais nous devons nous soucier d’être prêts lorsqu’il sera là.
Or, en fait, il est déjà là.
Bien sûr, il viendra au dernier jour ; et saint Paul de nous inviter à nous réconforter les uns les autres à cette pensée. Mais il est déjà là. Et la lampe qui nous le fait voir, c’est notre foi. Et l’huile qui l’alimente c’est notre charité.
« As-tu souci de ton frère ? » disait Dieu.
Ô Seigneur, aide-nous aujourd’hui à nous soucier les uns des autres, préserve-nous de toute négligence envers nos frères, les vivants comme les morts. Aide-nous à veiller.
Don Antoine Drouineau
curé de Moissy