Dans l’évangile, saint Matthieu rapporte comment Jésus décrit la venue du Royaume des Cieux comme l’attente de l’époux dans la nuit par des vierges. Quand l’époux se rend présent, cinq d’entre elles l’accueillent et entrent avec lui dans la salle des noces. Ayant manqué la venue de l’époux, cinq autres vierges arrivent à leur tour et disent ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répond : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’ Et Jésus de terminer sa parabole en nous exhortant : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».

Qu’a-t-il manqué à ces 5 vierges insouciantes pour rencontrer l’époux ? Elles ont agi à l’inverse des vierges prévoyantes, assez pourvues d’huile pour que leur lampe reste allumée lors de la venue de l’époux. « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler », écrit le psalmiste. Il a manqué à ces 5 vierges cette « vigilance dans la nuit » comme écrivait le père Jérôme, trappiste de Sept-Fons. Il leur a manqué cette attention soutenue, cette attente. La « vigilance dans la nuit » est une métaphore de la vie chrétienne. Elle suppose une présence !
La présence est un acte. Être là, ce n’est pas être présent. Les choses sont là et elles ne sont pas présentes : les chaises et les bancs sont là. Mais ils ne sont pas présents. Il en va de même entre nous : au repas de famille, sur nos portables, nous sommes ensemble ; mais sommes-nous présents ? En société, nous communiquons, mais sommes-nous présents ? Nous sommes connectés à tous sur les réseaux sociaux, mais sommes-nous présents ?
L’acte de présence est une attention à quelqu’un, une attente de la rencontre. Dans la parabole il s’agit de l’attente de l’époux. Dans nos vies chrétiennes, il s’agit de l’attente de Dieu. Dans nos nuits, c’est-à-dire dans nos difficultés, nous disons à Dieu : « Seigneur, où es-tu ? » Mais Lui nous répond : « Et toi, où es-tu ? ». La présence de Dieu nous précède. Sommes-nous présents à sa présence ?
Comme l’écrit la philosophe Weil, « la prière est faite d’attention. C’est l’orientation vers Dieu de toute l’attention dont l’âme est capable. La qualité de l’attention est pour beaucoup dans la qualité de la prière. La chaleur du cœur ne peut pas y suppléer ». L’attention est une orientation du regard que soutient l’amour et que nourrit le désir ! « Seigneur, toi que mon cœur aime, garde-moi en ta présence ».
Don Philippe de Nortbécourt
Prêtre référent du secteur Notre-Dame des plaines de la Brie