
Le Fruit de l’Esprit - 2
« Écoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi.
On les connaît, les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables ; leurs auteurs, je vous en préviens, comme je l’ai déjà dit, n’hériteront pas du Royaume de Dieu.
Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs.
Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit. » (Ga 5, 16-25).
1. Un « avant » et un « après »
Il arrive souvent que les chrétiens baptisés à la naissance et croyants depuis toujours envient les nouveaux convertis, comme par exemple les catéchumènes baptisés adultes. Ils envient leur conversion et le fait qu’ils puissent témoigner de leur vie « d’avant » et « d’après » leur rencontre avec Jésus, comme si dans la vie de ces premiers il manquait l’étape « d’avant ». Le texte, que nous méditons aujourd’hui, jette une nouvelle lumière sur cette question.
Dans le christianisme, « se convertir » ne signifie pas seulement passer de la non foi à la foi, ou bien décider de ne plus croire seul, mais de croire avec les autres (paroisse, Église). Dans le christianisme, « se convertir » signifie aussi passer d’une vie « de la chair » à une vie nouvelle, désormais menée « sous l’impulsion de l’Esprit ». Les deux listes d’attitudes, celle des œuvres de la chair et celle des œuvres de l’Esprit, de la lettre aux Galates, permettent de saisir la différence entre ces deux styles de vie.
2. Se convertir ?
Que signifie exactement « se convertir » ? Le premier sens proposé par le dictionnaire est : action de tourner ; mouvement qui fait tourner, ce qui supposerait un changement de direction. Et dans le sens religieux : action d’adhérer à une religion, d’abandonner une religion pour une autre ou de passer de l’incroyance à la foi religieuse. Mais dans la Bible nous trouvons une autre définition de ce mot qui apporte un autre éclairage sur ce que signifie « se convertir ». Dans le chapitre deux des Actes des Apôtres, Saint Luc rapporte la réaction des foules qui écoutaient le premier grand discours de Pierre, à Jérusalem, le jour de la Pentecôte : « Le cœur bouleversé d’entendre ces paroles, ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres : " Que ferons-nous, frères ? " Pierre leur répondit : " Convertissez-vous" » (Ac 2, 37-38). Le mot grec metanoeo traduit le plus souvent par « se convertir » ou parfois même par « faire retour » vient de meta (avec, après, derrière) et noeo (penser, percevoir avec l’esprit) et signifie littéralement « changer son esprit ». D’autres traducteurs proposent alors carrément « changer de mentalité » ou bien, comme dans la Bible en français courant : « changer de comportement ». Nous voyons que dans le Nouveau Testament, « se convertir » signifie non seulement « changer de religion » ou « faire retour » (La Bible de Chouraqui) mais « changer de mentalité », « adopter une nouvelle façon de penser », et surtout « changer de comportement ».
« " Que ferons-nous, frères ? " Pierre leur répondit : " Convertissez-vous" ». Le premier pas dans le christianisme, c’est toujours la conversion. Mais il n’y a pas de conversion sans changement de comportement. Pas de conversion sans passer d’une vie désordonnée, « de la chair », vers une vie nouvelle, reconnaissable par ce signe magnifique qui ne trompe pas et qui est le fruit de l’Esprit de la lettre de Saint Paul aux Galates. Face à cette conversion nous sommes tous semblables, catholiques baptisés à la naissance, nouveaux croyants ou recommençants qui font les premiers pas sur le chemin de la foi. Et c’est cette conversion, et non pas notre « ancienneté » dans la foi, qui marque pour chacun de nous un moment qui nous permet de dire : « Oui, dans ma vie il y a aussi "un avant" et "un après". Oui moi aussi, j’ai vécu une conversion, ma vie a changé et maintenant je ne vis plus comme avant ».
Question pour aller plus loin :
- - Peux-t-on vraiment se convertir, c’est-à-dire, changer sa façon de penser, son comportement, son style de vie ?
Suggestion pour la semaine :
- - Pendant neuf jours, je vais essayer de mieux comprendre chacun des neuf fruits de l’Esprit et je vais m’efforcer de les appliquer, l’un après l’autre, dans ma vie.
Père Bogdan BRZYS