Malheureux celui par qui le scandale arrive
La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a rendu son rapport à Mgr de Moulons-Beaufort, des mains de son président, M. Jean-Marc Sauvé. Ce long rapport de 485 pages et 2000 pages d’annexes recense 3000 prêtres prédateurs et 216000 personnes victimes…
Qu’il est difficile de regarder en face cette réalité… On pense alors que deux tiers de cas remontent aux années 50, 60 et 70, dans un contexte de permissivité morale généralisée, que la connaissance des profils psychologiques et par conséquent du processus de récidive était nulle ou quasi-nulle…
Mais enfin l’Église ! Qui détruit ou laisse détruire ces enfants « qu’il nous faut devenir pour entrer dans le Royaume des Cieux »(Mc 10,15). Le contraire de l’Église en somme. Quelle tragédie ! On repense aux paroles terribles de Jésus à ses disciples sur les scandales : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà. » (Luc 17, 1-2)
Alors nait une colère : une colère contre ces criminels ! Mais aussi une honte, car nous faisons partie de cette Église. Et nous touchons du doigt le mystère de l’Église qui est un corps. Et tout ce qui arrive à ce corps rejaillit sur l’ensemble. Et nous touchons du doigt le mal qui la traverse en même temps qu’elle est portée par les saints à la suite du Christ.
Et cependant nous pouvons mettre ces évènements sous le signe de l’espérance, car nous venons à la lumière, car nous nous accordons, comme dans une confession, cette possibilité « de s’écrouler sous le poids de sa misère », pour pouvoir dire comme Saint Pierre, après sa trahison : « Oui, Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ! ».
Et bien prions pour les évêques qui prennent en ce moment une batterie de décisions pour l’Église. Et prions pour que nous ayons des prêtres qui soient de saints prêtres, car si l’Église a besoin de réformateurs, elle a surtout besoin de saints !
Don Philippe de Nortbécourt