Une haute montagne
« Jésus pris avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les emmena sur une haute montagne ».
Le Thabor est loin d’être une montagne, c’est plutôt une belle colline d’un peu moins de 600 mètres d’altitude. Si l’évangéliste emploie ce terme de montagne, ce n’est ni pour exagérer ni pour nous induire en erreur. Ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’est déroulé au mont Sinaï où Dieu donna la loi à Moïse, ou bien dans la fente du rocher où Élie rencontra le Seigneur. Au Thabor comme au Sinaï, nous avons la montagne, la nuée et Dieu qui nous adresse une parole.
Depuis les origines, d’Abraham à aujourd’hui, Dieu notre Père cherche à se faire connaître des hommes tel qu’il est, avec tout son amour pour chacun de nous. Il est le Père des miséricordes qui se penche vers nous, qui préfère donner la vie et non la prendre et il va jusqu’à se donner lui-même en son Fils unique.
L’événement de la Transfiguration réoriente fondamentalement la révélation issue de la première alliance. Car désormais, la parole que le Seigneur nous adresse n’est plus un message, mais une personne, « celui-ci est mon fils ». Avec la personne de Jésus, la Nouvelle Alliance ne consiste pas d’abord à accueillir une nouvelle loi ou une nouvelle prophétie, mais à croire en l’œuvre de grâce manifestée en Jésus. Certes, nous avons des textes, un Nouveau Testament, et nous sommes appelés à vivre selon la foi et la morale évangéliques. Mais ce qui fait que je suis chrétien, ce n’est pas ma pratique, ma morale, mais ma Foi en la personne de Jésus. Cet Évangile nous rappelle le sens de notre Carême. Monter sur « une haute montagne », représente tous nos efforts dans la prière, le jeûne et la charité, pour rencontrer le Christ, lui redire notre foi et notre espérance, et nous laisser « transfigurer », transformer par ce regard d’amour du Christ.
Don Joachim, curé in solidum