Chers amis, voici la dernière page de cette série sur les 5 Essentiels. Après avoir les avoir présentés simplement, parcouru l’Écriture pour voir comment Jésus, les disciples et l’Église naissante pratiquaient les 5 Essentiels, après avoir décrit le cercle vertueux de leur enchaînement au service de la mission et de la croissance de l’Église, après avoir réfléchi sur le lien fondamental qui unit les 5 Essentiels à l’évangélisation, je veux conclure ce petit parcours en abordant avec vous l’esprit des 5 Essentiels.
Nous l’avons vu, les 5 Essentiels représentent à la fois une logique, une méthode pastorale et un esprit de vie d’Église. Parfois il y a dans nos communautés un esprit d’Église authentique, mais pas de méthode, et les choses tournent en rond. Parfois il y a des méthodes, mais sans réelle spiritualité, ou bien une spiritualité qui ne se déploie pas à partir de la Parole de Dieu ou de l’expérience de l’Église, et on enferme la vie chrétienne dans des systèmes qui ne lui vont pas... Il est donc utile d’avoir une logique, et l’enchaînement que je vous ai décrit met à l’honneur une dynamique. L’intérêt que j’y vois, c’est qu’elle est conforme à la Parole de Dieu.
L’esprit des 5 Essentiels consiste à re-qualifier notre participation à l’Église.
Finalement, pourquoi sommes-nous là ? Est-ce parce que nous aimons la prière et les belles liturgies ? Est-ce parce que nous trouvons du sens dans la Parole de Dieu et que cela oriente nos vies ? Est-ce parce que nous avons soif de Dieu, avec le juste sentiment que sans lui nous sommes perdus, que nous avons besoin de son pardon et de sa grâce ? Tous ces motifs sont vrais et bon ; mais ils ne nous constituent pas nécessairement en communauté. Ce qui fait la communauté, c’est la mission !
Et dès l’instant où nous osons nous saisir de l’enjeu missionnaire, alors nous voyons l’importance de la constitution de la communauté, de son rythme de vie et de ses étapes de croissance. Imaginons un enfant qui aime le foot. S’il aime marquer des buts, ou dribler... il peut taper dans un ballon tout seul contre un mur ou avec trois copains pour faire des passes. Mais s’il veut gagner des matchs, il faut constituer une équipe, que chacun y tienne sa place et qu’il y ait un esprit d’équipe pour qu’on marque, sinon, la victoire ne sera jamais au rendez-vous. Je pense que pour la vie chrétienne, c’est pareil. Si chacun est là pour lui-même, pour sa petite vie spirituelle, nous n’avancerons pas. Mais si nous voulons accomplir la mission que le Seigneur nous a donnée, il est vital de constituer une équipe. Jésus l’a déjà faite, c’est l’Église. En réalité, ce n’est pas l’Église qui a une mission, c’est la Mission qui a une Église !
La pratique des 5 Essentiels nous permet bien de re-qualifier notre participation. Dans une équipe, tout le monde ne fait pas tout. L’attaquant et le défenseur n’ont pas le même rôle, le gardien de but non plus. Mais tout le monde est partie-prenante de la mission de chacun. Le gardien de but ne se tourne pas les pouces quand la balle est en avant, mais il suit cela avec attention et reste toujours aux aguets. Il reste présent à ce que font les autres, autrement il n’arrêtera jamais la prochaine balle qui lui arrivera subrepticement dans la lucarne ! De la même manière, dans la communauté chrétienne, tout le monde ne fait pas tout, ‘tous ne sont pas apôtres’(1Co 12, 29) mais la mission de mon frère, même si je ne l’exerce pas, est aussi la mienne. Parce que c’est la mission de l’Église, elle me concerne. J’en suis solidaire. Je ne peux donc pas exercer une mission en l’isolant des autres missions.
Cela me conduit à vous parler du dernier caractère et non des moindres de ces 5 Essentiels, c’est qu’ils sont ‘holomorphiques’. La définition est la suivante : la forme du tout est présente dans chacune des partie. Ainsi une équipe de ménage dans une église, une équipe de préparation de mariage, doivent être porteuses de l’ensemble des enjeux de la mission de l’Église. Même si, à l’accueil, on ne fait pas de la pédagogie enfantine, ce qui se passe dans une équipe de caté concerne l’accueil ! Comme l’apôtre le dit fort bien : ‘ce n’est pas parce que le pied n’est pas la main qu’il peut dire à celle ci : je n’ai pas besoin de toi... Ils font partie du Corps’ ( 1 Co 12, 15-21...) Chacune des équipes doit être porteuse de la convivialité, de la prière, du service, de la formation et de l’Évangélisation. A contrario, si une équipe se dessaisit d’un ou de plusieurs des cinq essentiels elle se coupe du Corps communautaire de la Paroisse. Ce qui fait la cohésion de la paroisse, c’est le lien de chacun et de chaque équipe aux 5 Essentiels. Je pense que nous avons gravement mis l’identité de nos communautés chrétiennes à mal en singularisant et en spécialisant des missions qui de ce fait se sont trouvées un tant soit peu coupées des autres. Il faut donc redevenir porteurs des 5 Essentiels dans leur complémentarité et dans leur nécessaire renvoi mutuel, qui procureront une vraie fécondité à nos églises.
Le Seigneur veut renouveler son Église ; Il en a donné de multiples signes. Aujourd’hui, avec cette pédagogie des 5 Essentiels, il nous donne des repères très concrets pour le réveil des paroisses. Accueillons l’Esprit de renouveau qui passe au milieu de nous. Merci de votre écoute ; avançons vers une fécondité nouvelle de nos communautés. P. Frédéric.