« Si tu savais le don de Dieu… »
La rencontre entre Jésus et la Samaritaine se fait autour d’une expérience humaine élémentaire de la vie quotidienne, celle de la soif. Mais alors que la samaritaine parle de l’eau du puits, le Christ se situe à un autre niveau, lui qui parle de « l’eau vive ». On appelle ce décalage « l’équivoque johannique » : à partir d’une réalité sensible, le Christ veut nous introduire à une réalité spirituelle.
Puis vient le moment où la Samaritaine,
à partir de la question de la soif de vivre, se met en jeu avec toute son histoire. Et Jésus lui dit : « appelle ton mari » (Jn 4, 16). Et il met cette femme en face de sa soif réelle, de sa soif existentielle.
Avant de reconnaître le Christ, certainement faut-il se reconnaître soi-même dans notre soif de vivre et cette attente secrète, qu’on ne s’avoue pas toujours, d’être rassasié. Pour reconnaître cette attente, il faut entrer dans la précarité de sa vie et confesser qu’on cherche à ravir un bonheur qu’on ne sait recevoir.
C’est à ce niveau de reconnaissance qu’est possible le « don de Dieu ».
« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Le carême doit nous amener à cette conversion, ce retournement de l’homme placé devant lui-même. Comme l’écrivait le cardinal Ratzinger (Les principes de la théologie catholique, 1982) : « la conversion est la manière dont l’homme se trouve lui-même et reconnaît alors la question des questions : comment puis-je adorer Dieu ? »
Don Philippe de Nortbécourt
Prêtre référent de Notre-Dame des Plaines de la Brie