Nous entendons ce dimanche un évangile terrifiant et en même temps empreint
de tendresse et de miséricorde. Un évangile terrifiant, si l’on s’arrête à une parole comme
celle-ci : Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de
Dieu ! Mais cet évangile est empreint de miséricorde, car ce qui est difficile et peut-être
même impossible aux hommes, il est possible à Dieu de le réaliser !

On voit en effet ce jeune homme riche qui demande au Seigneur le moyen de
gagner la vie éternelle : Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en
héritage ? - Tu connais les commandements, répond le Seigneur en énumérant les 7
commandements qui concernent le prochain, qu’on appelle parfois « commandements de
la deuxième table ». Ce à quoi le jeune homme répond : Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. Il y a ensuite cette phrase émouvante ou admirable : Jésus posa son
regard sur lui, et il l’aima. Jésus aime tous les hommes d’un amour universel, mais son
amour grandit devant celui qui cherche à bien faire. Et le Seigneur lui dit, en substance, « tu
as bien fait, maintenant il s’agit pour toi de tout laisser et de me suivre, c’est le secret que
je te révèle pour avoir la vie éternelle en héritage ». Pour citer l’évangile : Une seule chose
te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. On pourrait dire que « le bien faire » doit préparer « le bien aimer »,
que « la morale » doit préparer « la spiritualité », que l’obéissance aux commandements
« de la deuxième table » doit préparer l’obéissance aux commandements « de la
première », en bref, qu’il faut respecter son prochain mais que le ciel se joue bien au-delà,
dans l’amour de Dieu, et qu’il faut vivre un saut pour basculer de l’un à l’autre, dans un
dépouillement salutaire. Mais ce message n’est pas reçu du jeune homme. Lui, à ces mots
s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Jésus veut gagner le cœur de ce jeune homme, mais celui-ci résiste à son amour,
car son cœur est déjà pris par l’amour des nombreuses richesses qui sont les siennes …
Jésus tire un enseignement de cette résistance : Comme il sera difficile à ceux qui
possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !
Le problème n’est pas d’avoir des biens, mais d’y être attaché par un amour qui
dépasse la mesure, au point que l’amour du Christ lui-même ne trouve pas de chemin dans
nos cœurs. Mais ce problème est redoutable, car souvent notre bonne volonté n’y suffit
pas, car souvent nous désirons ce dépouillement volontaire sans avoir la force de le vivre.
Mais tout est possible à Dieu. L’affaire est de se laisser gagner par l’amour conquérant de
Dieu.
Don Philippe de Nortbécourt
Prêtre référent de Notre-Dame des Plaines de la Brie