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Marc 4, 35-41
La tempête apaisée
Article mis en ligne le 20 juin 2021

Marc 4, 35-41 Évangile du 12ème dimanche ordinaire Année B

La tempête apaisée, annonce du combat spirituel de notre vie chrétienne individuelle et ecclésiale.
La question récurrente du pourquoi des épreuves dans notre vie.

Beaucoup de chrétiens s’imaginent la vie avec Dieu comme un long fleuve tranquille. Tous, nous avons connu un printemps spirituel, où prier coulait de source, où nous avions du plaisir à vivre avec Dieu, où nous étions inondés de grâces sensibles. Mais la plupart d’entre nous sommes désemparés quand vient l’épreuve et la tempête, et que Jésus semble dormir. Il se tait et n’agit pas, apparemment.
Les textes d’aujourd’hui nous parlent beaucoup de tempêtes :
 tempêtes qui entourent Dieu, dans le livre de Job ;
 tempête que ce même Dieu provoque, dans le psaume responsorial ;
 tempête apaisée dans l’évangile...
En fait, tout cela n’a qu’un but : susciter notre foi. Et pour bien le comprendre, essayons de suivre pas à pas l’évangile de Marc.
Jésus en est au début de son ministère. Il commence à prêcher, et vient de terminer un enseignement en paraboles, où il a comparé le Royaume des cieux à une graine discrète, qui pousse silencieusement, que l’homme le sache ou pas.
Après cet enseignement, Jésus va faire quatre miracles, pour concrétiser ses paroles, et pour manifester à ses auditeurs qui il est vraiment. En effet, par la sagesse de ses paroles, Jésus peut être actuellement considéré comme un rabbin ou comme un prophète, mais pas encore comme le Messie ni le Fils de Dieu.

Ce que Jésus recherche, ce n’est pas une popularité mondaine, mais une adhésion des âmes à sa divinité. Ce qui compte, c’est de croire en lui, par-delà le visible et l’événement ; c’est d’adhérer par amour à sa personne. Et pour cela, sa parole devrait suffire.
Tout cela aboutira à la profession de foi de Pierre, profession de foi en la divinité même de Jésus. Et cette profession de foi sera immédiatement suivie de la première annonce de la Passion. La foi va porter, non sur un Messie glorieux, mais sur un Messie Sauveur, qui nous rachète par la Croix. La foi ne va pas nous retirer de notre condition humaine. La foi va porter sur un Dieu présent, même dans la souffrance, le silence ou l’abandon apparent.
Voila le cadre général de la tempête apaisée. Entrons maintenant plus à fond dans le texte.

Les disciples, nous dit curieusement Marc, emmenèrent Jésus dans la barque "tel qu’il était" :
Le Jésus de la foi n’est pas un Jésus dont nous rêvons, mais un homme bien réel.
Nous avons à croire en lui tel qu’il s’est révélé à nous, et non pas tel que nous le voudrions.
Nous n’avons pas à sélectionner ce que nous voulons bien en prendre.
Quand Jésus se donne, c’est tel qu’il est, sans restriction et sans aménagement au goût du jour.
La foi n’est pas comme le choix d’une voiture : nous n’avons pas d’options à choisir.
La foi est adhésion à la personne du Christ tout entière.
D’autre barques alors le suivent. Et survient la tempête, violente au point que le bateau se remplit d’eau. Jésus, en nous attirant à lui, ne nous a pas promis le paradis sur terre.
Bien au contraire, il nous a prédit les tempêtes intérieures et extérieures.
Pourquoi alors nous en étonner, et accuser Dieu ? Nous savons bien que suivre le Christ demande une lutte contre le mal, et que ce mal existe en nous et au dehors de nous ; que le monde, au mauvais sens du terme, voudra toujours par ses vagues remplir la barque de notre âme. Un auteur mystique commente cela ainsi : "la foi n’est pas une acquisition, mais un appel ; pas une sécurité, mais un risque ; pas une consolation, mais une aventure. On ne s’y repose pas, on s’expose".
Pendant cette lutte, que fait Jésus ? Il dort, à l’arrière de la barque !
Dormir dans une barque ballottée dans tous les sens pendant une tempête relève du miracle !
Si Jésus dort, c’est qu’il est totalement épuisé, ou qu’il veut nous montrer quelque chose.
Et ce qu’il veut nous montrer, c’est l’importance de sa présence.
C’est vrai que souvent, Dieu semble dormir dans nos vies, alors que tout autour de nous semble s’écrouler. Où est alors le Dieu de l’amour, le Dieu sauveur ? Aujourd’hui, comme toujours, l’objection la plus fréquente contre Dieu, c’est le problème du mal, de son existence.

L’épreuve même de notre foi, c’est de découvrir l’apparente faiblesse de ce Dieu tout-puissant, qui se fait attendre, non pas par plaisir ou par condescendance, mais afin de faire monter le niveau de notre foi. Dieu n’est pas la solution matérielle à tous nos problèmes. Dieu est celui qui veut que notre foi soit également amour. Et pour cela, il purifie nos demandes et nos vies par l’attente et son apparent silence.
Mais Jésus va se réveiller. Et il apaise la tempête, avant même tout reproche. Car il y a un reproche : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? » Ce sera le grand reproche de Jésus dans le Nouveau Testament. Quoique, dans cet épisode, il peut sembler étrange d’aller reprocher aux disciples un manque de foi. Après tout, ils ont bien appelé Jésus. Ils ont bien cru que le Christ pourrait faire quelque chose ! Mais ce qui leur manque, c’est la logique de la foi : leur comportement ne correspond pas à l’adhésion totale, à la remise d’eux-mêmes qu’ils ont en principe donné à leur maître en le suivant. Il y a un décalage entre ce que connaît leur intelligence et ce que croit leur cœur.
Ils auraient dû savoir que, Jésus présent, même endormi, même silencieux, ils ne craignaient rien. Ils ont une certaine foi, bien sûr. Mais elle n’est pas encore suffisante pour croire en la seule parole de Jésus, pour le reconnaître en tant que Dieu. Comme le dit Saint Paul dans la deuxième lecture, ils ont compris le Christ à la manière humaine. Or Jésus aspire à faire de tous des créatures vraiment nouvelles. La tempête apaisée devient alors le moyen pour faire grandir les apôtres dans la foi, pour qu’ils le reconnaissent comme Dieu.
Pour nous aussi, la logique de Dieu est parfois déconcertante, et les tempêtes ne manquent pas.
Ce qui nous est demandé, c’est de ne pas regarder les vagues, mais cette présence constante du Christ en nous, comme il est, c’est-à-dire plein d’amour et de pédagogie. Il nous demande de faire confiance en son silence, car il sait exactement ce dont nous avons besoin pour grandir vers lui. Il accepte même nos cris de peur. Mais ce qu’il veut, c’est que se réalise pour nous la phrase de Saint Paul : "afin que nous, les vivants, nous n’ayons plus notre vie centrée sur nous-mêmes, mais sur lui, qui est ressuscité pour nous".
« Qui est-il donc pour que même la mer et le vent lui obéissent ? »
Après une autre tempête apaisée, Pierre et les apôtres tomberont à genoux dans la barque en réalisant la grandeur divine de Celui qu’ils côtoient depuis plusieurs mois.
Reconnaître la divinité de Jésus, même dans sa faiblesse apparente :
Ce sont les gestes d’adoration devant le Christ présent dans l’Eucharistie, que l’Église demande dans l’introduction du Missel :

A : les fidèles s’agenouilleront pour la consécration, à moins que leur état de santé, l’exiguïté des lieux ne s’y opposent. Ceux qui ne s’agenouillent pas pour la consécration feront une inclination profonde pendant que le prêtre fait la génuflexion après la consécration.
B : un geste d’adoration avant de recevoir le Seigneur dans la communion. Pendant que la personne qui vous précède reçoit le corps du Christ, vous êtes invités à faire soit une génuflexion, soit une inclination de la tête. Avec notre corps, nous posons des gestes qui expriment notre foi.