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La vie intérieure_3
Discerner le sens (1)
Article mis en ligne le 2 décembre 2020
dernière modification le 22 décembre 2020

Très chers amis,
nous poursuivons cet enseignement sur les fondements de la vie intérieure.
Comme la vie intérieure est d’abord un fruit de l’action de l’Esprit Saint,
je vais d’abord prier avec vous la Séquence de la Pentecôte

Viens Esprit-Saint, en nos cœurs,
Et envoie du haut du ciel
Un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
Viens, dispensateur des dons,
Viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
Hôte très doux de nos âmes,
Adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, Tu es le repos,
Dans la fièvre, la fraîcheur,
Dans les pleurs, le réconfort.
O lumière bienheureuse,
Viens remplir jusqu’à l’intime
Le cœur de tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
Il n’est rien en aucun homme,
Rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
Baigne ce qui est aride,
Guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
Réchauffe ce qui est froid,
Rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi,
Et qui en Toi se confient,
Donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
Donne le salut final
Dans la joie éternelle. Amen

Je vous ai parlé des trois temps de l’expérience spirituelle de saint Ignace :
sentir intérieurement, discerner le sens, chercher la confirmation.

La semaine dernière, nous avons évoqué la nécessite de sentir intérieurement les motions du St Esprit,
et j’ai commenté particulièrement l’outil pour les sentir, qui est la relecture de vie.
Je vous parlerai dans une conférence ultérieure du troisième point de la doctrine de Saint Ignace sur la nécessité d’être confirmé dans la motion de l’Esprit Saint, puisque cela suppose d’abord d’avoir discerné.
Rentrons maintenant dans ces règles de discernement données par Saint Ignace !
que j’ai joint en finale du texte du dernier enseignement disponible sur la page facebook de Brie Comte Robert.

II Discerner le sens

Règles pour sentir et reconnaitre, en quelque manière,
les diverses motions qui se produisent dans l’âme,
les bonnes pour les recevoir et les mauvaises pour les rejeter.

Ces règles sont davantage propres à la première semaine des Exercices.

Remarque préalable : Ignace parle ici des pensées venant de Dieu ou de satan, qui se distinguent des pensées seulement naturelles.

Les deux premières règles nous font observer deux mouvements, deux dynamiques,
dans lesquelles l’esprit de Dieu et l’esprit du mal agissent toujours de manière opposée.

314. 1ère règle : "À l’égard des personnes qui vont de péché mortel en péché mortel, la conduite ordinaire de l’ennemi est de leur proposer des plaisirs apparents, leur occupant l’imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin de les retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés. Le bon esprit, au contraire, agit en elles d’une manière opposée ; il aiguillonne et mord leur conscience, en leur faisant sentir les reproches de la raison."

De péché mortel en péché mortel : sous la plume de St Ignace, il décrit les péchés capitaux, ceux qui sont la source de tous les péchés : orgueil, avarice, luxure, envie, gourmandise, colère, paresse,
On pourrait donc lire : Chez ceux qui cèdent habituellement aux tendances mauvaises enracinées en eux…. Que ce soit en acte ou en pensée…

Ignace parle de pensées qui viennent du dehors, qui exercent une poussée sur l’imagination.
Ces pensées sont le fruit de deux esprits opposés : Dieu et satan.

Dans une dynamique de dérive, de laisser-aller, satan accompagne la dérive, va dans son sens.
L’action de satan va dans le sens du poil : ne t’inquiète pas de ton péché, ce n’est qu’un péché mignon, pas grave du tout …., satan garde l’âme dans une douce tranquillité.

Et Dieu vient à contre-sens de cette dérive.
L’action de Dieu dérange et trouble d’une certaine manière.

315. 2ème règle : "Dans les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurs péchés, et vont de bien en mieux dans le service de Dieu, notre Seigneur, le bon et le mauvais esprit opèrent en sens inverse de la règle précédente.

Car c’est le propre du mauvais esprit de leur causer de la tristesse et des tourments de conscience, d’élever devant elles des obstacles, de les troubler par des raisonnements faux, afin d’arrêter leurs progrès dans le chemin de la vertu ;

au contraire, c’est le propre du bon esprit de leur donner du courage et des forces, de les consoler, de leur faire répandre des larmes, de leur envoyer de bonnes inspirations, et de les établir dans le calme ; leur facilitant la voie et levant devant elles tous les obstacles, afin qu’elles avancent de plus en plus dans le bien."

Dans une dynamique générale de croissance, de conversion, de progrès dans la conformité à Dieu,
Dieu va dans le sens de l’âme, pacifie renforce et apaise.
Ces effets ne sont pas forcément identifiables à beaucoup de sentiments,
mais ils donnent courage et force.
Il ne faut pas confondre courage et exaltation.
Et Satan va à contre-sens, contrecarre, crée du trouble.
  Raisonnements qui viennent semer le doute,
  raisons fausses qui se bousculent en rafale,
  scrupule, trouble, inquiétude, retour en arrière.
Tourments de conscience : crise de scrupules de St Ignace :
Comme une chose qui allait s’enfilant après une autre, il allait en pensée d’un péché à un autre péché du temps passé. Il en est si malheureux qu’il songe à se donner la mort, mais il est arrêté par l’idée que se tuer est un péché. Le démon a cherché à l’enfermer dans sa culpabilité.
Bien voir comment ces sentiments qui nous agitent sont en nous, mais ne viennent pas de nous.

Les deux règles suivantes donnent les définitions de la consolation et de la désolation


316. 3ème règle : De la consolation spirituelle. Ignace donne 3 types de consolation :
"J’appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l’âme,
1) par lequel elle commence à s’enflammer dans l’amour de son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses.
2) La consolation fait encore répandre des larmes, qui portent à l’amour de son Seigneur l’âme touchée du regret de ses péchés, ou de la Passion de Jésus-Christ, notre Seigneur, ou de toute autre considération qui se rapporte directement à son service et à sa louange.
3) Enfin, j’appelle consolation toute augmentation d’espérance, de foi et de charité, et toute joie intérieure qui appelle et attire l’âme aux choses célestes et au soin de son salut, la tranquillisant et la pacifiant dans son Créateur et Seigneur."

1er type de consolation S’enflammer en amour

C’est souvent le cas dans les débuts de la vie intérieure.
Il s’agit de grâces de débutants, qu’on trouve souvent au démarrage d’une vie spirituelle.
Il s’agit d’une grâce sensible intérieurement, qui touche l’émotion, l’affectivité.
Le repos dans l’esprit chez les charismatiques en est un cas particulier.
Il s’agit d’un sentiment fort qui s’impose. De l’ordre de l’excès.

Cette expérience prend appui sur l’expérience humaine du sentiment de l’amour,
mais elle l’excède, car elle vient de Dieu.

Elle se distingue de l’amour humain par l’absence d’objet directement perceptible ou représentable.
Elle se distingue aussi de l’amour humain parce qu’elle ne coupe pas des autres créatures :
elles sont toutes aimées en tant qu’elles sont dans leur rapport au Créateur et Seigneur.
Les amoureux ne voient plus qu’eux et oublient le reste du monde.
Au contraire des amoureux, l’amoureux de Dieu n’est pas seul au monde :
il s’intéresse aussi à tout ce qui l’entoure.

En pratique, il s’agit d’accueillir la force du sentiment et laisser faire sans soupçonner.

Mais il faut vérifier :
- qu’il n’est pas focalisé par un projet, un objet. Liberté de l’être qui se traduit par une sorte de calme. Cette expérience doit être distinguée d’une excitation, d’une précipitation. (Pourtant sa force inusitée peut engendrer une forme de trouble, une tension due à la résistance de l’affectivité à la fois convertie et dépassée.
- que celui qui vit cette expérience n’est pas renfermé sur lui-même ou dans son univers mental, mais au contraire davantage ouvert sur la réalité.

Cette consolation est de l’ordre du plaisir, parfois excessif et inusité,
de l’ordre du mouvement, du dynamisme. Elle fait bouger et produit quelque chose.
Elle ouvre à la présence des choses extérieures et en déplace la perception en les situant dans le Créateur et Seigneur.

2ème type de consolation Des larmes portant à l’amour par la douleur

Quand Dieu parle, il peut nous dire des vérités qui font mal, très mal,
mais ce passage par la douleur ouvre sur la paix et conduit à l’allégresse et à la joie spirituelle.

Ce qui est ressenti est de l’ordre d’une douleur, d’un déplaisir,
mais vécu comme un mouvement qui porte à l’amour.
Cette douleur est provoquée
  soit par la perception de ses péchés,
  soit par la contemplation de la passion du Christ ou d’autres choses ordonnées à son service.
La perception du décalage entre nos péchés et l’amour de Dieu pour nous
nous pousse à la vraie contrition et nous fait grandir dans l’amour.
Cette consolation n’est pas nécessairement intense.
A la différence de la première, elle ne s’impose pas à la sensibilité.

3ème type de consolation Toute augmentation d’espérance, de foi et de charité, Joie intérieure qui appelle et attire l’âme aux choses de Dieu, qui tranquillise et pacifie.
Cette troisième sorte de consolation n’est pas de soi limitée dans sa durée.
Il n’est pas nécessaire d’en être toujours conscient.
Elle n’est pas de l’ordre de l’émotion, mais de l’action de grâce.
Conciliant le mouvement et le repos,
elle est compatible avec l’occupation ordinaire de la vie du chrétien.
On se sent appelé et attiré, et non pas poussé.
Cette forme de consolation est à la fois la plus courante et la plus difficile à identifier.
On la reconnait de plus en plus au fil du temps et de l’expérience.

Ce 3ème type de consolation est de loin le plus fréquent, sans être exclusif, chez les personnes avancées en vie intérieure.
Une carmélite avancée en âge vivra cela de façon ordinaire, sans connaitre de repos dans l’esprit !

Dynamisme des consolations

Dans ces trois types, la consolation, elle est toujours dynamisme et mouvement.
Elle produit quelque chose. Elle répond au principe de réalité.
Elle est aussi consolante. Elle satisfait l’affectivité. Elle répond au principe de plaisir.

La dimension du bonheur est perçue sous trois formes qui vont du très fort à l’imperceptible.
-* De l’intense joie d’aimer

  • à la douleur de ne pas correspondre à l’amour
  • puis enfin à l’allégresse discrète de bien vivre.

La 1° forme correspond à l’expérience amoureuse.
Comme l’intensité de l’expérience ne peut pas durer longtemps,
l’affectivité vivra douloureusement sa disparition.
Elle apprendra alors à laisser s’exprimer cette douleur dans un équilibre à trouver entre maitrise et démaîtrise,
et se laissera peu à peu éduquer jusqu’à vivre paisiblement la simplicité de la vie quotidienne,
le don d’être satisfait de ce qui est donné comme de ce qui manque.

En général, on va plutôt des grâces les plus sensibles aux grâces les plus intérieures.
Mais attention ! l’ordre de succession n’est pas impératif.
Il peut être parcouru dans n’importe quel sens et en commençant par n’importe quel point,
selon le bon vouloir et la pédagogie toujours adaptée de Jésus avec chacun.

La prochaine fois, nous continuerons l’étude des règles du discernement des esprits.


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