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Homélie sur la Miséricorde
2ème dim de Pâques 2020
Article mis en ligne le 20 avril 2020

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En ce deuxième dimanche de Pâques, nous revivons encore une fois ce mystère central de notre foi,
et nous l’approfondissons sous l’angle de la Miséricorde divine.
Dieu laisse éclater sa gloire à Pâques en nous dévoilant ce qu’il est intrinsèquement : il est Miséricorde !

Qu’est-ce que la Miséricorde ?
La miséricorde, littéralement, c’est le cœur qui se penche sur la misère.
Nous touchons comme Thomas aujourd’hui ce cœur du Christ
qui nous révèle la miséricorde divine infinie qui se déverse sur notre misère.
Il n’y a aucune mièvrerie dans la miséricorde ; c’est au contraire une réalité de force et de puissance.
Le saint Pape Jean-Paul avait défini la miséricorde divine
comme la Toute-puissance de l’Amour divin venant mettre une limite infranchissable au mal.

En cette période d’épidémie et d’épreuve qui se poursuit,
il nous est bon d’entendre cette Bonne Nouvelle, cet évangile : le mal n’aura pas le dernier mot.
Notre espérance ne se base pas d’abord sur des bilans humains de l’épidémie ou des nombres de masques, mais elle s’appuie au plus profond sur l’amour de Dieu pour les hommes, amour qui ne s’arrête pas à la misère de leur péché, mais qui va jusqu’à restaurer les âmes, les cœurs, et aussi les corps.

Rentrons dans la Parole de Dieu pour nous l’appliquer :
Au soir de Pâques, l’apôtre Saint Jean met en relief la puissance paisible du Christ ressuscité,
la force tranquille qui émane de sa venue soudaine au milieu d’eux : La paix soit avec vous !
Il n’y aucun retour sur les évènements tragiques des jours derniers, aucun reproche, aucun trouble.
Il y a seulement cette présence qui s’impose paisiblement
et qui va chasser tous les doutes, les stupeurs et les incompréhensions légitimes.
Jésus vivant leur montre ses mains et son côté qui portent encore les stigmates de la Passion.
Ce n’est pas un corps de rêve ou d’imagination, c’est la réalité tangible,
c’est identiquement le même corps qui a été cloué sur la Croix.

Cette constatation silencieuse déclenche une joie ineffable chez les disciples.
Nous pourrons garder en mémoire que les deux signes inimitables de la présence du Christ ressuscité dans le cœur d’un croyant, ce sont la paix et la joie profondes. Nous pouvons discerner cette présence du Christ en nous, ou autour de nous, à ces signes qui ne trompent jamais.
Cette paix intérieure si unique et si caractéristique des chrétiens,
c’est celle que nous donne l’évêque lorsqu’il commence sa messe : La Paix soit avec vous !
Et c’est cette même paix que les prêtres vous transmettent à chaque messe :
Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous !
La messe, c’est la façon la plus forte qui soit de goûter et de vivre le mystère de la Résurrection.

Aussitôt cette première constatation faite par les disciples dans une joie profonde, Jésus va à l’essentiel :
De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.
La Résurrection du Christ nous concerne et nous engage directement !
Ce n’est pas un beau mystère réservé à Jésus seul.
Si Jésus a vécu le mystère de Pâques,
s’il a fallu qu’il passe par la mort de la Croix pour entrer par la résurrection dans la vie éternelle, c’est pour que sa mission d’amour et de salut sur terre se poursuive à travers chacun de nous les croyants.
Le mystère de la résurrection exige que nous allions en témoigner à tous ceux que le Seigneur met sur notre route.

Mais cette première apparition commune du soir de Pâques culmine dans le don du Saint Esprit aux Apôtres pour le pardon des péchés. C’est la pointe de la Miséricorde.
Envoyés au monde entier, nous sommes confrontés de plein fouet au mal,
aux péchés des hommes, les nôtres, et ceux des autres.
Qui nous libérera des sacs poubelles qui empuantissent nos cœurs ?
Jésus est comme le grand Éboueur qui peut tout débarrasser, tout laver.
Ce que Jésus a fait avec audace de son vivant,
ce pouvoir de pardonner les péchés qui n’appartient qu’à Dieu seul,
la folie de l’amour divin va aller jusqu’à le transmettre à des hommes eux-mêmes pécheurs pour qu’ils puissent en faire profiter largement leurs frères.
Aujourd’hui, les successeurs des Apôtres, les évêques, et leurs collaborateurs, les prêtres,
sont les serviteurs de ce mystère de miséricorde inouï : le pardon des péchés.
La confession, comme on dit, est une des plus grandes joies du prêtre,
le lieu où il touche concrètement cet amour divin qui est bien plus grand que les péchés les plus terribles.
Rien ne peut empêcher la miséricorde divine de guérir, de soigner, de relever, de restaurer.
C’est vraiment une bonne nouvelle, un évangile, qui mérite d’être rappelé chaque dimanche dans le Je crois en Dieu : Je crois à la rémission des péchés !
Jésus est le grand restaurateur, celui qui fait rattraper le temps perdu,
celui qui a des moyens qui nous dépassent pour réparer les gâchis.

Il est urgent d’annoncer cette bonne nouvelle autour de nous et d’aider nos frères et nos sœurs à s’ouvrir à cette véritable libération intérieure.

Cette Miséricorde qui est proprement divine va se manifester encore spécialement envers l’apôtre Thomas,
et à travers lui, envers tous ceux d’entre nous, qui comme moi,
ont la nuque raide pour accueillir les dons de Dieu qui dépassent tant notre raison humaine.
Non, je ne croirai pas si je ne vois pas, si je ne touche pas ….
Dieu a le cœur plus grand que nos blocages,
il ne se laisse pas vaincre par nos duretés, par nos aveuglements intérieurs, nos œillères intellectuelles.
Avec un bon esprit infini si caractéristique de cette Miséricorde divine,
il va user d’une pédagogie très délicate pour toucher le cœur de Thomas
et le faire entrer lui aussi dans le mystère de la foi.

Cette pédagogie divine passe par des intermédiaires humains, par les membres de l’Eglise.
Car la Miséricorde se plait à associer des hommes à son œuvre divine, pour leur plus grande joie.
Jean ne nous rapporte pas le détail des discussions, mais le ton convaincu et la joie profonde des 10 a su ébranler les blocages de Thomas. Ce qui est sûr, c’est que le dimanche suivant, Thomas est avec eux.
Et nous, qui est la dernière personne que nous avons invitée à participer avec nous à la messe pour faire l’expérience de la rencontre mystérieuse avec Jésus ressuscité ?
Nous remarquons au passage la mise en place dès l’origine du rythme dominical de la messe.

Ce n’est pas une invention des curés !
C’est juste ce que Jésus lui-même a voulu faire expérimenter à son Eglise naissante !
Oui, tous les dimanches, la Miséricorde divine nous renouvelle le cadeau fabuleux de cette rencontre la plus réelle qui soit avec Jésus ressuscité.
Et pour les plus conscients et les plus amoureux, c’est possible de le vivre tous les jours.

Je sais, nous sommes en plein confinement et vous m’écoutez de chez vous derrière votre écran !
Et vous croyez que cela n’entre pas dans le plan de la Miséricorde ?
Pourquoi feriez vous à Dieu l’injure de croire qu’Il n’a pas tout prévu pour le faire concourir à notre plus grand bien ?

Si Dieu a permis cette grande épreuve mondiale de la pandémie,
et la privation temporaire des sacrements et des rassemblements communautaires,
c’est manifestement que nous étions trop installés dans notre confort spirituel,
perdant de vue la grandeur du miracle renouvelé à chaque messe.
Le jeune eucharistique prolongé a déclenché chez tous ceux qui ont un peu la foi une faim véritable de Jésus.
Nous redécouvrons la profondeur réelle de la communion,
comme union profonde à l’être de Jésus ressuscité, avec toutes les exigences de l’amour,
avec toutes les exigences d’une conformité la plus totale possible aux sentiments de son Cœur,
à son obéissance filiale à la volonté de son Père.
Vous pourrez retrouvez sur les sites de vos paroisses le très beau texte de prière de communion spirituelle proposé par l’évêque de Vannes.

La miséricorde de Jésus qui n’a pas peur de venir bousculer les fausses certitudes de Thomas,
et l’invitation pleine d’amour : Cesse d’être incrédule, sois croyant !
vont faire basculer Thomas dans la foi : Mon Seigneur et mon Dieu !
C’est un cri du cœur que nous pouvons adresser à Jésus à chaque communion.

La phrase ultime de cet évangile est pour moi et pour tous ceux qui m’écoutent :
« Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Acceptons de rentrer dans la logique divine qui nous dépasse,
acceptons de nous laisser guider par la miséricorde !
Dieu nous donnera en fait de signes tangibles juste ce qui est nécessaire
pour persévérer dans la foi et dans l’amour, sans jamais supporter d’orgueil de notre part.
Nous ne pouvons pas citer Dieu à comparaitre au tribunal de notre raison.
Nous pouvons simplement lui demander avec une confiance humble de nous faire connaitre jour après jour sa volonté pour chercher à y collaborer de tout notre cœur.

Jésus Miséricordieux, j’ai confiance en Toi !

Don Pierre-Alphonse FRAMENT, curé in solidum du Pôle de Brie-Sénart